Cinq ans après “Jessica Forever”, premier film d’action minimaliste et reptilien où Caroline Poggi et Jonathan Vinel transformaient une banlieue pavillonnaire en terrain de chasse désertique pour un gang de grands enfants violents, “Eat the Night” tranche par son côté capiteux, charnel, vibrant, par l’espèce d’évidence vitale qui irradie d’un film qui n’a de cesse de se transformer. Grande love story qui emprunte les chemins d’un film de dealer (où les corners de Baltimore seraient remplacés par des épiceries arabes et les grues du Havre) mais surtout histoire d’amour familiale, fraternelle, d’un cocon menacé de délitement par la perte de ce refuge numérique.Libération, Marius Chapuis, 16/07/2024
Inventif et déroutant, le cinéma de Caroline Poggi et Jonathan Vinel se nourrit de références multiples issues notamment de l’art contemporain ou du jeu vidéo. Depuis le début de leur collaboration, leur démarche artistique traduit une volonté d’expérimentation, d’artisanat et d’hybridation. Eat the Night poursuit cet équilibre, mais relève aussi le défi d’ancrer son histoire dans une réalité déchirante. Le long métrage nous donne à voir, avec empathie et lucidité, les destins de trois personnages dont les solitudes se croisent et se rejoignent sans jamais se confondre. Ce qui participe à la beauté du film, c’est aussi la façon dont il s’approprie les codes de la culture vidéoludique pour raconter ces trajectoires intimes.We Love Cinema, Marie Serale
Jeu vidéo médiéval fantastique, âge de néon, romance queer et grosses cylindrées… Le risque était grand, pour Caroline Poggi et Jonathan Vinel, de faire chuter cet attelage techno dans le dandysme poseur, ou pire d’en faire un Avatar gothique un peu balourd. Sincères et virtuoses, les cinéastes parviennent, au contraire, à nous embarquer dans cette histoire de famille recomposée et confrontée à l’apocalypse – virtuelle. Au diable la vraisemblance : voilà le beau romantisme du XXI? siècle qui se désole d’un futur de plus en plus sombre, mais dans un film où l’enthousiasme forcené nous protège, le temps d’une partie au moins, du bruit des bottes qui vient.Télérama, Joseph Boinay, 17/07/2024