Frédéric Videau (Variété française, À moi seule) ne juge personne. Il donne vie à chacune et chacun, faisant de ces femmes et hommes, entre 20 et 60 ans, des personnages tragi-comiques, pétris de contradictions, frustrés et sous tension. Des prolétaires de la police, instrumentalisés, poussés à faire du chiffre, haïs par beaucoup de gens…. Dans le jeu vaudevillesque autour des portes qui s’ouvrent et se ferment, le commissariat tient d’un minithéâtre, un lieu fourmillant de confessions, ouvert aux doléances. Jacques Morice - Télérama
Selon la police s’intéresse aux flics de rue qui patrouillent sur la voie publique et reçoivent les plaintes du quartier au « bureau des pleurs » situé à l’accueil du commissariat. Pas d’héroïsme, a priori. Ancré dans l’actualité et un climat de dépression qui s’abat sur les équipes (jusqu’à la fille d’un policier qui se fait harceler parce que son père porte l’uniforme), Selon la police porte aussi la marque du film noir, autant dans son scénario que par son image épurée (signée Céline Bozon) et son atmosphère surréelle – de fortes pluies s’abattent sur le pare-brise puis s’arrêtent subitement, magie du cinéma…
Etrange objet que cet élégant polar, au tempo calme et millimétré, où l’on suit une journée particulière dans la vie d’un commissariat d’une ville moyenne
Clarisse Fabre. Le Monde
Le film de Frédéric Videau accompagne plusieurs policiers et policières d'un commissariat de quartier, pour dresser un inquiétant état des lieux, aussi précis que critique, des relations entre citoyens et autorité. Ainsi l'ensemble de la composition du film renvoie aux processus et aux discours mêlant surenchère sécuritaire et clivage au sein de la population, procédés rhétoriques en faveur du tout-répressif qui trop souvent ne suscitent comme réponse qu'une posture symétrique, posture anti-flic dont les si nombreuses raisons d'être ne cachent pas le côté trop limité, et surtout l'impuissance. Tendu et émouvant, Selon la police est, aussi, une manière d'inciter à réfléchir autrement.
Jean-Michel Frodon - slate.fr